Marguerite, à la recherche de la nouvelle star

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Aujourd’hui, j’ai reçu un Tweet de Marguerite, ma cousine québécoise.
Je suis une femme de ménage un peu spéciale, plus focalisée sur les indices que la poussière, mais je vous laisse découvrir. Toutes ressemblances avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite et indépendante de ma volonté. Ce serait dingue, mais je préfère prendre mes précautions.
Troublant message
« Arrive icitte toute suite ! ».
6000 kilomètres me séparent de ma bonne cousine, mais je prépare mes bagages et saute dans le premier avion. Parce qu’entre elle et moi, c’est plus qu’une histoire de famille, entre nous, c’est à la vie à la mort. Des souvenirs de ma jeunesse affleurent : Mag Margaritha, la reine de la fiesta !
Mon billet d’avion pour Toronto en poche, j’envoie un message à Marguerite : « Arrivée prévue Toronto, aéroport international de Pearson : 19h. Prête pour les réjouissances! ».
Ça tombe très bien cette escapade, j’avais justement besoin de vacances. Mon avion décolle à 11H. Vite, je commande un taxi pour l’aéroport. Un bisou à Catson (mon chat birman), un petit mot à l’inspecteur Verrene, mon voisin de palier pour qu’il s’occupe du chat.
Je croise le facteur dans l’escalier :
- Madame Antoinette, je vous donne votre courrier ? - Non, non. Laisse- le dans la boîte, je pars en vacances. - Il n’y a que ça, tenez. Insistant, il me tend une enveloppe carrée ; je la glisse négligemment dans mon sac fourre-tout. Bye, bye Boursy les-mines, hello Toronto ! PAUSE [AdSense-A]
Décollage immédiat
Mes pensées s’envolent en même temps que l’avion vers nos futures pérégrinations nocturnes. Je revoie le quartier de la Distillerie comme si j’y étais.
Depuis combien de temps je n’ai pas eu de nouvelles de Marguerite ? Dix mois, un an ? La dernière fois, elle emménageait avec son nouveau chum, un camionneur prénommé Garry. Depuis, silence radio. C’est normal quand on roucoule.
Bah, connaissant Mag Marguerita, elle l’avait probablement quitté pour un autre. Pour Marguerite, jusqu’à 18 ans, sa vie se résumait au couvent des Ursulines de St Abstinence. Puis avec l’université elle a viré sa cuti bien loin dans les buissons du parc. À l’atterrissage, j’ai le plumeau qui s’agite. À moi, cabane à sucre, saucisses au sirop d’érable et Cheez Wize. Je cherche ma cousine dans la foule et je la vois.
Le comité qui m’accueille ne ressemble pas à celui je attendais. Marguerite est affublée de deux adorables poupées siamoises chacune à un bras.
- Ah cousine, j’aurais pas cru que t’arriverais aussi vite. J’ai pas eu le temps de m’organiser, là. Pis je suis tellement contente de te voir ! - Moi aussi… Mais ceux sont des jumeaux ? Les deux poupées lancent le même regard bleu océan vers moi. Quelle perspicacité Antoinette ! - Ben pas vraiment. Des quadruplés en fait. Les deux autres sont restées chez la voisine. T'sais, c’est crissement difficile de s’organiser et pis de se déplacer là, à cinq tout le temps. Ah ce que je suis contente de te voir, cousine !
Tu m’étonnes ! Elle me prend par le bras après avoir embarqué ses deux bambins dans une double poussette. Au jugé, ils n’ont pas plus de 4 ou 5 mois. Nous faisons connaissance et les petits clones me saluent avec les gazouillis d’usage.
Pas le temps de prolonger les présentations que nous sommes déjà en route pour Gravity Bottom, un petit village à l’est de Toronto.
Alors que je vois s’éloigner les lumières des hautes tours de la ville, Marguerite m’explique que c’est mieux la campagne pour élever des mousses. Dans la voiture, Cayouche beugle sa country et hurle qu’il fume, fume, fume…
Marguerite tourne le bouton du post :
« Grrr, le hobby de Garry : écouter de la country à fond dans son char. Je supporte plus, il ferait n’importe quoi pour un CD ou un inédit de son chanteur préféré, je crois même qu’il serait prêt à nous vendre moi et les kids… »
Moi qui pensais profiter de 10 jours de débauche, mon road trip movie se transforme en cauchemar. Un rapide passage chez la voisine, elle-même à la tête d’une famille nombreuse, et nous récupérons Hubert, Julie. L’équipe des Seasons est au complet avec Rémy et Sam. Affalée dans le canapé du salon, je me remets de ma surprise et questionne ma cousine sur son récent statut de Super Mommy.
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La douce vie de Gravity Botom
- Mais je t’ai envoyé un faire-part il y a queques jours… Calvaire que je suis une mère poche trop lousse là. Et pis c’est la marde. Garry a dû partir pour une ride de truck imprévu. Anyway.
Je prends mon cabas et en sort la grosse enveloppe carrée. Le fameux faire-part, enfin quatre accrochés ensemble par une attache parisienne. La formation musicale des bébés braille à l’unisson. Pas de doute, il y a des choristes dans le groupe.
- J’avoue que Garry pas là, bin je crache pas sur le pain béni. J’essaye fort, t’sais, mais c’est trop hot.
Marguerite cherche une photo du nouveau papa dans le joyeux capharnaüm. Je n’avais pas encore observé l’univers impitoyable de la nurserie de Marguerite. Elle revient après 5 bonnes minutes me laissant seule profiter du concert en pleurs majeurs pour couche pleine et estomac vide.
Elle me montre la photo tout en remplissant son office, change et biberons. Garry entre un homme et une femme plus âgés. Un même sourire et des mêmes petits yeux noirs chafouins animent le visage des deux hommes. La femme tient une énorme truite arc en ciel. Son regard brun et profond étincelle.
 - C’est un vieux cliché avec ses parents. Une partie de pêche sur le Lac. - Humm. Et comment vous vous êtes rencontrés ? - Dans un concert, il conduisait le bus de la tournée où j’étais en mode groupie. T’sais Antoinette, je ne t’ai pas fait venir icitte pour faire la gardienne. - Ah bon ? Par contre je pourrais faire un peu de rangement. Je suis une professionnelle. - Toujours ton attirail de femme de ménage dans ton sac ? Si tu veux talleur avec de la musique pour faire aller le derrière. Mais avant il faut que je te raconte.
marguerite nouvelle star
Je sors le tablier de mon vieux cabas. Antoinette toujours prête et à l’écoute ! A l’évidence, sa progéniture et son gentil Garry travailleur et courageux la comblent de bonheur mais Mag Marguerita sommeille, toute prête à bondir. Mon plumeau intérieur me dit qu’il y a cadavre dans le placard. Et je ne suis pas déçue.
 - Tu te rappelles Elliot. Elliot Jarniveau, mon amour de jeunesse ? - Ton chanteur Folk ? Eh bien ? Ils avaient fugué à 17 ans pour vivre d’amour et d’eau fraîche. Leurs parents avaient contrecarré leurs plans et Marguerite s’était retrouvée cloîtrée chez elle jusqu’à son départ pour la fac. Je me souviens très bien du jeune éphèbe. Toutes les filles en étaient amoureuses. Et aujourd’hui, Eliott Jarniveau jouissait d’une renommée de vedette internationale. - Il m’a recontactée sur facebook. On s’est parlé et…, Elle déglutit péniblement sans oser me regarder, … Et il me propose de le rejoindre pour vivre avec lui. Il est au courant de ma situation. Il sait que je ne laisserai jamais mes enfants. Il veut venir me chercher vendredi avec eux et qu’on le suive pendant sa tournée au Canada. Je capote là. Quoi faire ? C’est vrai que la vie avec Garry n’est pas très joyeuse mais c’est le père de mes mousses et je ne veux pas le priver.
Je ne connais qu’un remède à ce genre de dilemme : le ménage ! Ça aide à y voir plus clair. Et là, il y a de quoi faire. Les Beatles ont entrepris de ronfler à l’unisson. Marguerite s’attèle au tri du courrier : factures, ordonnances, facture, compte rendus médicaux, factures, tiens un article sur la dominance et la récessivité des gènes… On jette les vieux journaux, les magazines people. Il y en a même un avec Eliott Jarniveau en couverture.
- Il travaille dans quoi Garry déjà ? - Oh il est trucker, camionneur si tu préfères. Mais sa passion, ce sont les abeilles. Il rêve de produire son propre miel. Tu n’as qu’à le ranger là-bas.
Pour ce qui est de la une ruche, il a déjà un bon échantillon avec sa petite famille.Marguerite s’effondre dans mes bras, son regard bleu délavé de larmes.
- Ça m’étonne qu’Eliott te fasse une telle proposition sans jamais t’avoir revue… Écoute, je ne sais pas ce que tu dois faire. Tout ce que je peux te dire, c’est que tu ne priveras pas les enfants de leur père en partant avec Eliott.
La vie s’égrène au rythme des quadruplés jusqu’au vendredi suivant. Marguerite attend impatiemment son amour de jeunesse. Elle a pris sa décision, elle part avec lui. Par contre, elle veut parler Garry de toute cette aventure et lui annoncer sa décision. Peu importe ce qui se passera. Après avoir beaucoup pleuré, elle est paisible et déterminée.
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Vaut mieux un tien que deux tu l'auras
Le rendez-vous est prévu à midi. J’embarque les petits bouts pour une promenade sylvestre et nous laissons aux amoureux toute l’intimité qui leur était nécessaire. Je reviens après deux bonnes heures de balade et trouve Marguerite en pleurs. Son amoureux n’est pas venu, pas plus qu’il ne répond à ses appels.
Le téléphone sonne. Marguerite décroche fébrile. Sa déception se lit sur son visage. C’est Garry. Elle lui demande plusieurs fois ce qu’il lui veut. Elle ne semble pas l’entendre.
- Il était à côté d’une corne de brume. Je n’ai pas compris ce qu’il voulait. J’ai la gueule à terre. Pis heureusement qu’il m’a pas vu comme ça, à moitié morte, ma tronche toute débinée et des cernes jusqu’icitte.
J’essaie de la consoler en vain. Je décide de passer à l’action. Direction Toronto et le Centre Air Canada où Eliott doit se produire le soir même. J’enfile mon tablier que j’emporte toujours dans mon cabas et me glisse dans le grand bâtiment, incognito. Quand j’arrive tout le staff est en effervescence. Je demande à la régisseuse si Monsieur Eliott est là. Elle me jauge des pieds à la tête.
- Et ta passe ? - Heu, je l’ai mis quelque part, - Ok, tu peux faire la loge. De toute façon, il n’est pas là, il n’a pas assisté aux répétitions de cet après-midi.
Bon j’en apprends déjà suffisamment pour poursuivre mon enquête. Je finis par trouver le personnel d’entretien régulier, content de trouver du renfort. Je dois faire vite, mon plumeau vibre et pas dans le bon sens. Je questionne tout le petit personnel un peu plus énergiquement. La régisseuse s’agite de son côté. Eliott ne donne toujours pas signe de vie. Elle est au bord de l’apoplexie et envisage déjà d’annuler le concert du soir.
- Bon, vous savez par où il est parti ? - Oui, j’ai appelé la compagnie de taxi. Il est allé sur les docks. - Est-ce qu’il est repassé chez lui, avait-il un sac de voyage, des effets personnels ? - Rien à ce que je sache. Il est allé voir lingé son avant de partir. Une balance à régler pour ce soir. Maudits caprices de star… Fille, pas de broue dans la toupette. Il est allé voir une de ses gueuzes et pis c’est tout. En attendant, calvaire, je suis bien pognée. Pas de quoi appeler la police.
J’interpelle lingé son et lui demande pourquoi Eliott voulait le voir.
- Ah celui-là ! Je n’aurais jamais cru qu’un gars comme lui pouvait être fan de Cayouche. Il m’a demandé son enregistrement live. Il est passé icitte la semaine passée et je suis en train de travailler dessus … 
Direction les docks non prendre le temps d’appeler la police et de rassurer Marguerite. J’espère qu’il ne sera pas trop tard…
Alors, où diable est passé Eliott Jarniveau ?
Pourquoi n’est-il pas venu au rendez-vous de Marguerite ? Comment Marguerite peut penser que partir avec Eliott ne privera pas Garry de sa progéniture ?
Et surtout comment Marguerite a réussi à promener des quadruplés en même temps ?

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Sur le blogue «Les enquêtes d'Antoinette», à chaque nouvel article, une enquête et c’est à vous de la résoudre. Pour trouver, tous les coups sont permis : demandez à votre grand-mère, à la bibliothécaire. Cherchez partout, sur le net, dans le dictionnaire. Proposez-moi vos solutions dans les commentaires.
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